Les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont de plus en plus diagnostiqués avec 5% à 8% des enfants. Ce trouble neurodéveloppemental est souvent associé à des difficultés de concentration, d’hyperactivité et d’impulsivité. Mais un élément moins connu et pourtant crucial dans la compréhension du TDAH est le rôle des réflexes archaïques non intégrés. Ces mouvements réflexes, présents dès la naissance, jouent un rôle fondamental dans le développement moteur et cognitif. Cependant, lorsque ces réflexes ne s’intègrent pas correctement, ils peuvent perturber les mécanismes neuronaux responsables de la concentration, de l’autorégulation et de la gestion des impulsions, exacerbant ainsi les signes du TDAH. Dans cet article, nous explorerons les réflexes archaïques, leur rôle essentiel dans le développement, et comment leur non-intégration peut être liée aux symptômes du TDAH. Nous examinerons également les réflexes spécifiques impliqués et les conséquences comportementales associées. Comprendre ce lien ouvre la voie à des approches innovantes pour aider les enfants à mieux gérer leurs symptômes. Les réflexes archaïques : bases et importance Définition et rôle des réflexes archaïques Les réflexes archaïques, aussi appelés réflexes primitifs, sont des mouvements automatiques présents chez le fœtus et le nourrisson. Ils sont contrôlés par les parties les plus primitives du cerveau, comme le tronc cérébral. Ces réflexes sont essentiels pour la survie du nouveau-né et pour amorcer les étapes initiales du développement. Par exemple, le réflexe de succion permet à un bébé de s’alimenter, tandis que le réflexe de Moro aide à réagir aux stimuli soudains. Processus d’intégration normal des réflexes Au cours de la première année de vie, ces réflexes archaïques sont censés être « intégrés » dans le système nerveux supérieur. Cela signifie qu’ils sont inhibés et remplacés par des schémas moteurs plus complexes et volontaires. Ce processus reflète la maturation neurologique et permet à l’enfant de développer des compétences comme ramper, marcher, et coordonner ses mouvements. Par exemple : Lorsque ce processus se déroule normalement, l’enfant acquiert une meilleure coordination, une posture stable, et des capacités cognitives optimales. Conséquences des réflexes non intégrés sur le développement Si les réflexes archaïques ne s’intègrent pas correctement, ils peuvent persister sous forme de schémas moteurs involontaires. Cela peut interférer avec la capacité de l’enfant à contrôler ses mouvements, sa posture, et même son attention. Par exemple, un enfant avec un réflexe de Galant actif peut montrer une hyperactivité physique et des difficultés à rester assis calmement. Les conséquences peuvent inclure : Ces symptômes se recoupent souvent avec ceux observés dans le TDAH, suggérant un lien étroit entre les deux. Réflexes archaïques spécifiques liés au TDAH Certaines formes de réflexes archaïques non intégrés sont particulièrement associées aux symptômes du TDAH. Voici les principaux réflexes concernés : Réflexe Tonique Symétrique du Cou (RTSC) Le RTSC est un réflexe qui influence la coordination entre les mouvements de la tête et des membres. Chez les nourrissons, il aide à développer la musculature nécessaire pour ramper. Cependant, si ce réflexe persiste au-delà de l’âge de 12 mois, il peut entraîner : Réflexe de Galant Le réflexe de Galant se manifeste par une courbure automatique du dos lorsque la peau le long de la colonne vertébrale est stimulée. Normalement, il disparaît à environ six mois. Lorsqu’il reste actif, ce réflexe peut causer : Réflexe Tonique Asymétrique du Cou (RTAC) Le RTAC influence les mouvements de la tête et des bras. Il est visible lorsque le bébé tourne la tête d’un côté, ce qui provoque une extension du bras et de la jambe du même côté. Si ce réflexe persiste : Autres réflexes pertinents D’autres réflexes, comme le réflexe de Moro (réflexe de sursaut) et le réflexe palmaire, peuvent également être liés au TDAH. Par exemple : Symptômes et comportements associés Les réflexes archaïques non intégrés peuvent se manifester par des symptômes spécifiques souvent observés chez les personnes atteintes de TDAH. Difficultés de concentration et d’attention L’incapacité à inhiber certains réflexes archaïques peut provoquer une surcharge sensorielle, rendant difficile la concentration sur une tâche unique. Par exemple, un réflexe de Moro actif peut rendre l’enfant facilement distrait par des stimuli visuels ou auditifs. Agitation et hyperactivité Des réflexes comme celui de Galant ou le RTSC peuvent engendrer une hyperactivité motrice. Ces enfants peuvent sembler « incapables de rester en place » car leurs corps réagissent involontairement à des stimuli internes ou externes. Problèmes de posture et de coordination Un RTSC ou RTAC non intégré peut entraîner des difficultés posturales, comme une position assise instable ou une écriture maladroite. Cela peut aussi affecter les activités sportives, où une bonne coordination est essentielle. Difficultés d’apprentissage spécifiques (lecture, écriture, etc.) Des réflexes non intégrés, notamment le RTAC, peuvent rendre difficile le croisement de la ligne médiane du corps, ce qui est crucial pour lire de gauche à droite. Les enfants peuvent également avoir des problèmes de motricité fine, compliquant l’écriture ou le dessin. Méthodes d’évaluation et de diagnostic Importance de l’historique de naissance et du développement précoce L’évaluation des réflexes archaïques commence par une analyse détaillée de l’historique de naissance et du développement précoce de l’enfant. Ces informations peuvent révéler des facteurs de risque pour l’intégration incomplète des réflexes, tels que : Les parents jouent un rôle clé dans cette étape, en fournissant des observations sur le comportement, les capacités motrices et les interactions sociales de leur enfant. Ce contexte permet d’orienter les tests spécifiques pour identifier les réflexes non intégrés. Tests et observations spécifiques pour identifier les réflexes non intégrés Des professionnels formés, tels que des ergothérapeutes, des kinésithérapeutes ou des praticiens en développement neurologique, utilisent des tests spécifiques pour évaluer la présence de réflexes archaïques. Ces évaluations incluent : Ces tests permettent d’identifier précisément les réflexes problématiques et d’élaborer un plan de traitement personnalisé. Approches thérapeutiques : la méthode ORA Mouvement L’intégration des réflexes archaïques non intégrés est possible grâce à des méthodes spécifiques axées sur la stimulation neurologique. L’une des approches les plus reconnues est la méthode ORA Mouvement, qui combine l’entraînement rythmique et des exercices ciblés. Entraînement du Mouvement Rythmique L’entraînement du Mouvement Rythmique (EMR)